mercredi 11 décembre 2013

CHANGEMENTS NÉGATIFS DANS LES RELATIONS DUS AUX RÉSEAUX SOCIAUX

Isolement dans un monde virtuel, anxiété et déclin du bien-être liés à la l'utilisation trop fréquente des réseaux sociaux

            Cependant, grâce à la facilité d’accès mentionnée précédemment, l’utilisation des réseaux peut devenir excessive. Les réseaux sociaux peuvent provoquer plus d’isolement social qu’une favorisation de la sociabilité. En effet, ils créent une bulle sociale où l’individu se croit en contact avec de très nombreuses personnes, mais où en réalité, il est seul. Certaines personnes par exemple ont pris l’habitude d’interrompre des conversations toutes les deux minutes pour répondre à un message. Ce dont elles ne se rendent pas compte, c’est qu’elles sont volontairement en train de provoquer un double isolement. D’un côté, elles dégradent leurs liens sociaux véritables et d’un autre côté, elles s’enfoncent d’avantage dans leur bulle virtuelle. Ces personnes sont "aveuglées par l’illusion d’être connectée en permanence, alors qu’en réalité elles auront perdu un ami, un vrai, de chair et de sang", affirme Philippe Barraud, sociologue français. De plus, ces réseaux effacent l’effort précédemment requis pour créer des liens, car aucun engagement n’est nécessaire, il suffit d'"ajouter" cet ami d’un seul clic, ou encore de le "suivre" pour être au courant de toute sa vie.

            L’utilisation de ces réseaux fait appel à une instantanéité d’informations et à une présence constante de l’utilisateur. Celui-ci ressent le besoin d’être perpétuellement connecté et informé de son entourage virtuel. Cette omniprésence impulsive peut mener à l’isolation.                                                                                                               
                                                                                                                                
Selon Anne Dalsuet, auteure de "T'es sur Facebook? Qu'est ce que les réseaux sociaux changent à l'amitié", ces nouvelles technologies requièrent une adaptation de l’humain, qui utilisait jusqu’ici les outils pour travailler. De nos jours, grâce à la tactilité des objets, comme l’iPhone, on utilise principalement le toucher: la connexion est ainsi instantanée. On parle de "l’homo electronicus". Cette nouvelle facette de l’homme facilite l'accès aux réseaux car un effort moindre est requis. Cette facilité d'accès engendre une utilisation de plus en plus fréquente des réseaux, et coupe graduellement les liens véritables et crée à la place des liens faibles. L'isolement est ainsi encouragé par cette nouvelle fonction de "l'homo electronicus".

            Aujourd'hui, il existe près de quatre millions de victimes d’isolement, et cela seulement dans notre pays, d'après la Fondation de France. Ces personnes n’ont quasiment pas de relations familiales ou sociales en dehors de leur ordinateur ; elles n’entretiennent même pas d’activités avec l’extérieur. Près d’un Français sur dix vit dans cette situation, sans se rendre compte de sa solitude, provoquée par sa propre volonté à être constamment dans sa bulle virtuelle. Les réseaux sociaux ne sont pas l'unique cause de cet isolement mais de nombreux témoignages suggèrent qu'ils y contribuent.                                                                                     

            Joshua Fruhlinger, un bloggeur américain, a témoigné sur sa situation personnelle. "Je suis quasiment sûr que je souffre d’anxiété sociale, pas parce que je suis né avec, mais à cause de tous ces réseaux sociaux. Je m’inquiète plus que je ne le devrais de ce que les autres pensent ou font car je veux faire partie de ce monde virtuel, et je me sens à l’écart de tout". Le sort de Joshua et de toutes ces autres personnes est paradoxal, car alors que ces réseaux sociaux se présentent comme des outils de communication, en réalité lors de l’abus de ces sites, on peut se sentir coupé du monde et non pas d’avantage connecté à la réalité. 

            L’isolement 'volontaire' n’est pas la seule conséquence néfaste des réseaux sociaux. Des études menées par Ethan Kross de l'université de Michigan suggèrent que Facebook pourrait attrister la société autant que connecter les personnes entre elles. Ce réseau semble fortement associé à un déclin du bien-être comme le disent les psychologues. Ce scientifique a aussi trouvé que le plus de temps une personne passait sur Facebook sur une période de deux semaines, le plus malheureux elle devenait. La source de ce déclin de bien-être est liée au stress. Ceci s’explique car les personnes sur les réseaux sociaux sont constamment en alerte pour des nouveaux messages, des nouvelles mises à jour. Ce phénomène s’assimile à un instinct primitif de l’homme qui consiste à être toujours sur ses gardes, ce qui mène à une libération perpétuelle de l’hormone liée au stress ; le cortisol. Malheureusement, le stress est parfois même la cause d’une dépression chronique. 

            Voici un témoignage d’un individu anonyme sur un blog souffrant d’une anxiété conséquente de tout le temps passé sur les réseaux sociaux : "les réseaux sociaux sont comme un cauchemar pour quelqu’un comme moi. Je veux faire partie de toutes les conversations, et si ce que je fais n’est pas "liké" ou "retweeté" je me sens incomplet". Une autre personne atteinte du même problème affirme que "se connecter aux réseaux sociaux est une chose angoissante et stressante. J’ai l’impression que tout le monde sauf moi a une vie incroyablement intéressante, et qu’ils sont tous en train de participer à des diners incroyables avec des personnes incroyables. Mais le plus important c’est pourquoi je n’ai pas été invité ? Nous sommes tous accros à la différence de potentiel entre ce que nous faisons et ce que les autres font. Les personnes que je connais qui ont quitté ces réseaux disent qu’ils ne pourraient pas être plus heureux". 
            Nous pouvons donc bien conclure que les réseaux sociaux peuvent provoquer de l’anxiété, du stress et peuvent même être la cause d’une dépression.

("Liker" - Fonctionnalité permettant d'aimer le statut, une photo, un commentaire... d'un autre utilisateur sur Facebook
"Retweeter" - Fonctionnalité permettant de tweeter le contenu d'un tweet d'un autre utilisateur en le citant spécifiquement)


Agressivité virtuelle due à l'anonymat


            L’agressivité est aussi un problème rencontré suite au développement des réseaux. Cela s’explique par l’anonymat qu’offre internet grâce aux faux profils et pseudonymes, car les internautes peuvent être tentés d’exprimer ouvertement leurs opinions sans se préoccuper des conséquences. Dans certains cas, les utilisateurs vont jusqu’à insulter d’autres personnes, ce qu’ils ne feraient pas sans cet anonymat, et surtout sur Ask.fm: ces personnes se nomment les "haters", ou les "détesteurs". Nous avons relevé quelques questions insultantes qui peuvent être trouvées sur ce réseau:

"Ça te dérange pas d’avoir une sale réputation ?"                                                        

"Heureusement que l’anonymat existe, sinon je sais pas comment les gens s’exprimeraient"                                                                                                                                    
                                                                                                                                                 
Ces commentaires parfois choquants sont nombreux sur les réseaux sociaux et peuvent parfois entraîner des conséquences encore plus tragiques.


Suicides


Erin Gallagher
En effet, environ un jeune sur trois a déjà été victime d’harcèlement et d’insultes sur les réseaux sociaux, d'après une étude belge, et ce phénomène mène parfois au suicide dans des cas extrêmes. On a compté neuf suicides liés à ce problème en seulement un an sur Ask.fm; et tous étaient des adolescents allant de 12 à 17 ans. Cela a provoqué des controverses, et nous nous sommes donc penchés sur certains cas.  
                                                                                                                                          
Erin Gallagher, jeune fille britannique de 13 ans, se suicida le 27 octobre 2012 à cause de critiques sur son poids et son physique. Sa dernière réponse publique à un de ses harceleurs était : "tu penseras probablement que ça sera drôle quand je mettrai une corde autour de mon cou à cause de toi". Le plus bouleversant est que sa sœur Shannon qui avait 15 ans, s’est donné la mort à son tour deux mois après, par grande tristesse.                                                                
                                                                                                                                               
Hannah Smith
Plus récemment, deux jeunes filles de douze et treize ans, Rebecca Sedwick et Hannah Smith, se sont ôté la vie après des commentaires sur Ask.fm comme "personne t’aime", "tu mérites la mort" et "tout le monde serait content si tu mourais". Ces évènements ont été fortement médiatisés en Europe cet été, ce qui a beaucoup touché les jeunes utilisateurs qui n’étaient jusqu’alors pas au courant de ces dangers.
                                                                                                
Les réseaux sociaux n’ont donc pas seulement des effets positifs sur l’entretien des liens amicaux mais peuvent aussi les dégrader, entraîner une agressivité brisant les liens sociaux, mais aussi des dépressions, et même des suicides.

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